La question nucléaire: à la recherche d’une énergie parfaite

En 1985, deux agents français ont sabordé le navire Rainbow Warrior de l’organisation écologiste Greenpeace dans le port d’Auckland en Nouvelle Zélande. Cette opération, effectuée dans la mer territoriale néo-zélandaise, a été conduite sur ordre explicite du Président de la République Française, François Mitterrand. Le Rainbow Warrior faisait alors cap vers l’atoll de Moruroa, situé en Polynésie française, où les militants de Greenpeace avaient tenté d’empêcher des essais nucléaires menés par les militaires français.

Cet incident a marqué un tournant décisif dans la politique néo-zélandaise puisque la résistance au nucléaire est devenue une partie importante de l’identité nationale néo-zélandaise. Cela est toujours le cas aujourd’hui. Tandis que la France se montre toujours fière de ses prouesses technologiques dans le domaine nucléaire, également en matière de production énergétique.

En France, le nucléaire constitue deux tiers de la production électrique, alors que quatre-vingt pour cent de l’électricité est produite de façon renouvelable en Nouvelle-Zélande. Cela ne signifie pas pour autant que Nouvelle Zélande produit moins d’émissions de gaz à effet de serre. Au contraire, vu son immense secteur agricole, les émissions par habitant la place en 5ème position dans le monde, soit seize places devant la France. En outre, c’est grâce à sa géographie que les néo-zélandais parviennent à générer la plupart de leur électricité de façon renouvelable, par le biais de la hydroélectricité et de la géothermie. Peu de pays bénéficient d’un tel écosystème qui permet la production d’électricité par ces moyens peu polluants. Normalement, pour augmenter leur capacité à produire de façon renouvelable, les autres pays sont obligés d’investir dans le solaire ou l’éolien, qui ne sont pas sans coûts.

L’énergie nucléaire a clairement des avantages. Elle ne produit pas d’émissions GHG en générant de l’électricité. Deuxième avantage, les français paient un prix moyen d’électricité beaucoup moins cher que les néo-zélandais. De plus, sa capacité de production est très stable, alors qu’en Nouvelle-Zélande, pendant les années de précipitations inférieures à la moyenne, le risque de coupures d’approvisionnement augmente beaucoup vu la dépendance du pays à l’hydroélectricité.

Face à l’obligation de fournir de l’électricité à une population beaucoup plus importante en France qu’en Nouvelle-Zélande, le gouvernement français a dès lors choisi de se tourner vers le nucléaire. En revanche, la consommation néo-zélandaise ne nécessite pas les gros volumes d’électricité que les centrales nucléaires sont capables de générer. Même s’ils n’étaient pas politiquement contre l’énergie nucléaire, les néo-zélandais n’en auraient pas besoin. Cela rend cette décision politique plus facile pour le petit pays qu’est la Nouvelle Zélande.

Néanmoins, nombreux sont les peuples qui ne soutiennent pas non plus l’énergie nucléaire, compte tenu des risques associés trop graves pour être ignorés. C’est le cas notamment aujourd’hui en Allemagne et au Japon, où la majorité de citoyens s’élève contre l’énergie nucléaire, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande. En plus de nombreux décès causés par une explosion nucléaire, des maladies graves frapperaient par la suite tous ceux se trouvant à proximité. Après une telle catastrophe, l’environnement local resterait toxique pour des décennies. L’économie agricole de la région serait détruite. Aucune compensation ne suffirait à couvrir les pertes humaines et les dégradations de qualité de la vie pour les survivants. Même si le risque d’accident est statiquement faible, cela ne règle en rien le problème des déchets radioactifs produits lors de la production d’électricité.

Pourtant, le nombre de gens tué dans les explosions des mines de charbon ou affecté par les maladies pulmonaires est plus important que le nombre de victimes des accidents et des bombes nucléaires combinés. À la fin, il faut comprendre que tous les choix ont leur compromis en énergie. Le peuple français ainsi que le peuple néo-zélandais, comme tant d’autres, font face à cette problématique et essaie d’allier l’abordabilité, l’accessibilité et la sécurité tout en limitant les polluants.

En reconnaissant sa violation de la loi internationale par rapport à le naufrage du Rainbow Warrior, la France s’est excusée officiellement en 1988 et les relations diplomatiques avec la Nouvelle-Zélande ont été rétablies. En 1991 un accord d’amitié a été signé entre la France et la Nouvelle-Zélande. Depuis cet accord les deux gouvernements consacrent des fonds à la promotion d’échanges culturels. Les bourses scolaires font partie de ce programme culturel. L’auteure de ce blog était bénéficiaire de cette bourse en 2013 et elle est venue en France pour étudier la politique énergétique. Ce blog vise à comprendre les choix politiques en matière d’énergie sans condamner pour autant, tout en réalisant que l’énergie parfaite n’existe pas.